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Le bruit qui court ne suffit pas

Émission radiophonique sur Duuuradio*
Agathe Boulanger et Signe Frederiksen
2023

Agathe Boulanger et Signe Frederiksen, co-autrices du livre Ce que Laurence Rassel nous fait faire (Paraguay Press, 2020), mettent en résonance les pratiques de leurs invité·es, acteur·ices du monde de l’art, avec des passages du livre. Réalisé à partir d’entretiens menés avec Laurence Rassel, directrice de l’École de recherche graphique à Bruxelles, le livre présente sa pratique inspirée du féminisme, du logiciel libre, de la science-fiction et de la psychothérapie institutionnelle. Dans cette émission, les invité·es déploient à leur tour les outils qu’ils·elles ont façonné au service d’une pratique qui se crée sur le terrain.

Épisode #1 – Élodie Royer
Elodie Royer est commissaire d’exposition indépendante, enseignante, et doctorante à l’Ecole Normale Supérieure dans le cadre du programme SACRe de l’université de Paris Sciences et Lettres. De passage dans les différents lieux pour lesquels elle a travaillé, Elodie Royer privilégie le territoire d’une recherche plus que le terrain institutionnel. C’est la rencontre avec des artistes, des œuvres et des luttes qui structurent sa trajectoire curatoriale, et une méthodologie de la rencontre et du déplacement. Ses recherches actuelles se situent à l’intersection de l’art, de l’écoféminisme et de la mémoire des catastrophes dans l’histoire contemporaine du Japon. Sous forme d’entretiens, de textes et d’expositions, elles s’attachent à relier des pratiques d’artistes femmes qui ont en commun un ancrage dans des milieux de vie bouleversés par des désastres ou des désordres environnementaux, telles que celles de Lieko Shiga, Chikako Yamashiro ou Tazuko Masuyama. Une recherche en actes qui tente, non pas de considérer les questions environnementales comme de simples motifs, mais bien d’interroger ce que la prise en compte de nos milieux de vie fait intrinsèquement aux pratiques artistiques.

Épisode #2 – Yann Trividic
Yann Trividic est artiste, diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2022, il vit à Montreuil. Ses activités sont variées : il édite des livres, écrit, fait de la programmation informatique et crée des performances. Son travail se tourne vers les pratiques collectives et les méthodes conversationnelles dont il élabore le cadre, dans une idée de transmission et de partage des connaissances. C’est vers le processus que Yann Trividic pense ses œuvres, utilisant l’outil technologique au service d’une pratique engagée, plus libre.

Épisode #3 – Gufo
Gufo est une entité né•e en mars 2020 à Marseille. Gufo organise des banquets qu’iels fabriquent entièrement de la conception des tables à celle des nappes et la préparation des repas, afin de nourrir les personnes qui expérimenteront cet espace, dans une recherche de plaisir partagé. Gufo publie également la revue mensuelle HOOT, qui est une conversation imprimée avec un•e artiste ou un collectif, “autour de la notion de travail en tant qu’activité, méthode, environnement, milieu, symbole, nécessité”. Gufo se situe en marge des institutions du monde de l’art, et assume une économie précaire dans une perspective de résistance et d’autonomie. Dans cet entretien, Gufo déplie le rapport entre individu et corps collectif, et explore l’espace imaginaire émancipateur qui existe entre les deux, permettant à des formes artistiques et relationnelles d’émerger dans un esprit de convivialité et de curiosité toujours renouvelée à l’égard des pratiques des autres. “Par le pain, Gufo s’alimente en nourrissant, il nourrit tout en s’alimentant, dans une autophagie prospère et joyeuse.” – https://gufoofug.com/

Épisode #4 – Marie Cozette
Marie Cozette est directrice du CRAC Occitanie à Sète depuis 2018. Diplômée de l’École du Louvre, elle a été commissaire indépendante de 2003 à 2007, période pendant laquelle elle a co-fondé Bétonsalon à Paris. Elle a dirigé le centre d’art contemporain – la synagogue de Delme de 2007 à 2018. Dans cet entretien, Marie Cozette nous parle de la manière dont elle endosse son rôle de directrice dans les différents territoires du monde de l’art qu’elle a explorés, des plus alternatifs aux plus institutionnels. Elle aborde des questions de visibilité ou de disparition, des dynamiques complexes qui amènent à prendre la parole ou à se taire. Si elle assume d’être le visage d’une institution, elle évoque l’importance du collectif dans le travail de l’art et met au centre les artistes. Consciente que les institutions artistiques puissent être parfois intimidantes, ce qui en freine l’accès, Marie Cozette pense des manières de faire passer plus facilement les portes, notamment à travers des outils d’accueil et de médiation. Cet entretien se déroule en même temps que l’exposition Fernand Deligny, légendes du radeau, avec laquelle Marie Cozette tire des fils, lui permettant de penser le centre d’art comme le lieu de l’expérimentation et de la tentative, activateur d’une pensée, privilégiant “l’art comme horizon” (pour reprendre les termes de Deligny) et non comme objet en soi.